mardi 2 septembre 2014

Quo Vadis? 1912

Un film d'Enrico Guazzoni avec Amleto Novelli, Lea Giunchi, Gustavo Serena et Carlo Cattaneo

Les amours du patricien Vinicius (A. Novelli) et de Lygia (L. Giunchi), une esclave chrétienne, à l'époque de l'empereur Néron (C. Cattaneo)...

Au début des années 1910, le cinéma italien est en plein essor et produit volontiers des superproductions historico-bibliques qui inaugurent le genre du péplum. Cette adaptation du roman d'Henryk Sienkiewicz offre la possibilité de créer des scènes spectaculaires: incendie de Rome, course de chars, chrétiens brûlés vifs ou jetés en pâture aux fauves. A une époque où la toile peinte règne encore en maître dans de nombreux films, les Italiens ne mégotent pas sur la qualité de la reconstitution et des décors. Ils créent des décors tridimensionnels de belle envergure qui n'ont rien à envier aux versions plus tardives de Quo Vadis? La science de la décoration et de l'architecture italienne sera d'ailleurs utilisée par D.W. Griffith lui-même quelques années plus tard pour son monumental Intolérance (1916). Il recrutera spécifiquement des sculpteurs italiens pour réaliser les décors monumentaux de son film. Le film de Guazzoni est un jalon important dans l'histoire du cinéma car il fait partie des tous premiers très longs métrages. Du point de vue narratif, il n'innove guère en se contentant de nous raconter l'histoire à travers une série de vignettes dont l'action nous est annoncée par les intertitres qui les précèdent. Cependant, il y a un désir réel de composition dans les scènes intimes ou à grand spectacle qu'il nous offre. Les différents plans sont différenciés par les éclairages, comme lors de la prêche de l'apôtre Pierre dans les catacombes. Contrairement à l'épouvantable remake réalisé par G. Jacoby en 1925 avec un Emil Jannings totalement hors de contrôle, l'empereur Néron n'est pas ici le personnage central du film. Ce sont Pétrone, joué par Gustavo Serena, le futur réalisateur d'Assunta Spina (1915) et Vinicius (Almeto Novelli) qui mènent le fil de l'intrigue. Le patricien Vinicius va se convertir au christianisme grâce à Lygia. Sienkiewicz faisait oeuvre d'apôtre du christianisme avec son roman en 1895. Enrico Guazzoni utilise les figures d'Epinal créées par le romancier et les replace dans la Rome Antique du cinéma à grand spectacle naissant. Une oeuvre à ne pas négliger.

1 commentaire:

Jean-Pascal Mattei a dit…

Bonne présentation synthétique.
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