Un film d'Otto Rippert avec Marga Kierska, Anders Wikmann, Theodor Becker, Otto Manstaedt et Juliette Brandt
Au XVe siècle, la ville de Florence est dirigée d'une main de fer par le conseil des Anciens présidé par Cesare (O. Manstaedt). L'arrivée d'un courtisane vénitienne Julia (M. Kierska) provoque l'émoi parmi les Anciens. Cependant, Cesare s'éprend follement de la jeune femme de même que son fils Lorenzo (A. Wikmann)...
Otto Rippert est un cinéaste allemand oublié que l'on ne cite que pour un titre de sa filmographie le sérial Homunculus (1916). Die Pest in Florenz montre pourtant l'immense talent de ce réalisateur par ses qualités esthétiques, de direction d'acteur et de narration. Certains auraient tendance à ne parler que du scénariste du film, Fritz Lang, pourtant ce film est bien supérieur à certains Lang de la même période comme Harakiri (1919). Bien qu'il s'agisse d'une production aux moyens importants - avec d'immenses décors reconstituant le centre de Florence et des centaines de figurants - le metteur en scène ne perd pas de vue l'intime dans sa direction d'acteurs. Evitant, les effets exagérés de l'expressionnisme, Marga Kierska réussit à donner à son personnage de courtisane un mélange de sensualité et d'humanité bienvenues. Dans une Florence puritaine et pieuse, elle va enflammer les sens de tous en particulier du vieux Cesare, qui se révèle un bel hypocrite, de son fils Lorenzo qui va tuer son père pour la belle, et finalement, dans une transgression ultime, l'hermite Medardus jette sa robe de bure aux orties pour une vie de débauche avec Julia. Si le scénario s'inspire d'Edgar Allan Poe (Le Masque de la mort rouge), il semble aussi que Lang ait puisé dans Thaïs pour la relation Medardus-Julia et dans Le Festin de Balthazar avec l'inscription sur le mur. Malgré ces éléments épars, le film conserve une vraie cohésion dramatique grâce à la mise en scène de Rippert qui réussit à préserver le fil conducteur dramatique. Mêlant avec bonheur extérieurs dans le sud de l'Allemagne et reconstitution de Florence, l'oeuvre nous propulse dans l'univers de la Renaissance italienne sans faillir. Le final tragique avec l'arrivée de la peste sous les traits d'une femme est également une grande réussite. Un superbe film qui mérite d'être redécouvert.
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