Angel (Charles Vanel) et Mercédès (Alice Roberte) |
Un film de Jean Durand avec Charles Vanel, Arlette Marchal, Alice Roberte et Harry Pilcer
Un homme d'affaire parisien Angel Caal (C. Vanel) suite à un accident de voiture en Espagne fait la connaissance de Mercédès (A. Roberte). Il décide de l'épouser attisant ainsi la jalousie de sa maîtresse Suzanne (A. Marchal)...
Jean Durand fut un des grands pionniers de la firme Gaumont et produisit quantité de comédies et de westerns dans les années 1910. En 1928, il est déjà un vétéran qui tourne un de ses derniers films. Comme nombre de ses confrères, il a du mal à suivre l'évolution technique du cinéma et du discours cinématographique. Il filme en plans larges et ne sait pas rythmer une séquence avec des gros plans et des plans moyens. Il en résulte un film extrêmement long vu la minceur de l'intrigue: un riche homme d'affaire doit décider si la "femme rêvée" ressemble à sa femme ou à sa maîtresse. Outre ce problème de rythme des séquences, Durand est handicapé par une distribution bancale. Alice Roberte, qui joue la jeune femme effacée et timide de Charles Vanel, est parfaitement impavide et incapable d'exprimer les sentiments qui l'habitent. On imagine ce qu'une actrice de talent comme Sandra Milowanoff (qui fut souvent la partenaire de Vanel à l'écran) aurait pu faire dans un tel rôle. On s'ennuie ferme devant le jeu maladroit de Roberte qui est en plus dépourvue de tout charisme. Dire qu'elle a été la Comtesse Geschitz dans le Loulou de Pabst! Heureusement, il y a Harry Pilcer. Ce danseur, partenaire de Mistinguett au Music-Hall, nous offre un numéro de danse fort érotique sur la scène du Casino de Paris qui parvient à peine à dérider notre Roberte. Arlette Marchal a une toute autre allure, mais son rôle reste assez vide et lui permet à peine d'exister. Par contre, le film est d'une richesse incroyable pour ce qui est des costumes et des décors. Les actrices changent de tenue à chaque scène et le film semble avoir été sponsorisé par les grands couturiers parisiens pour faire leur promotion à l'étranger. Les décors vont du grand siècle pompeux de l'appartement de Charles Vanel à l'art déco très tendance de celui d'Arlette Marchal. Visuellement, c'est un régal car la copie est magnifique grâce à une restauration 4K à partir du négatif original. Durand se réveille vers la fin du film où il nous offre enfin un montage plus efficace alors que Vanel roule à tombeau ouvert sous un orage dantesque. Mais, le film reste cependant anecdotique dans l'histoire du cinéma muet français. Contrairement à Léonce Perret, son exact contemporain, il ne sait pas obtenir de ses acteurs des interprétations humaines et inspirées. Il filme un roman de gare sans réussir à transcender son matériel.
1 commentaire:
J’aime beaucoup le cinéma monochrome. J’ai quelques films d’époque, mais je ne connaissais pas celui-là. Je trouve le synopsis mystérieux et intrigant. Je le regarderai peut-être durant mon temps libre. Ce sera une excellente découverte !
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