Une nouvelle critique (signée Charlotte Garson) de mon ouvrage dans la revue Etudes d'octobre 2018:
« Chut ! » En couverture du livre, Prix du meilleur livre français 2017 du Syndicat français de la critique de cinéma, Raimu a l'index sur les lèvres dans Les inconnus dans la maison d'Henri Decoin – l'un des trente films produits par la Continental, studio créé à Paris par l'occupant allemand. Cette image n'est pas choisie au hasard : l'intrigue de Georges Simenon et les circonstances de production de ce film prêtent à des lectures ambiguës. C'est cet écheveau des années noires 1941-1944 – où la Continental, dirigée par le producteur allemand Alfred Greven appointé par Joseph Goebbels, a la mainmise sur le cinéma français – que l'auteure démêle en recoupant les dossiers d'épuration. La Continental sollicite les talents français, avec pour résultat une collaboration « grise » : exception faite de rares zélateurs pronazis, les professionnels diffèrent leur accord, prétextant une tournée en province ou des ennuis de santé, puis s'exécutent face à une menace économique (l'Allemagne n'autorise la reprise de la production en France que si la Continental fonctionne) et personnelle (à partir de 1943, ceux qui déclinent la demande de Greven sont envoyés au STO). S'il rappelle que ce cinéma privé de nombreux artistes d'origine juive a aussi produit des chefs-d'œuvre (Le corbeau de Henri-Georges Clouzot, 1943), le livre évoque une industrie fragilisée par les faillites de Gaumont et Pathé dans les années 1930 et l'exil à Hollywood des grands (Philippe Clair, Julien Duvivier, Jean Renoir). Il fait émerger des figures singulières, Russes blancs aux studios de Billancourt, Autrichien antinazi (le réalisateur Richard Pottier), Américain expulsable (Maurice Tourneur), Alsacien torturé par la Gestapo (le comédien Harry Baur)… Autant de cas particuliers qui détonnent dans une France « sous contrôle ».
Les cinéphiles auront repéré la belle coquille dans le texte...
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