Un film de Wesley Ruggles (1929)
Je voudrais commencer ce blog en présentant ce film peu connu du début du parlant. Ce sera une occasion de présenter deux acteurs que j'apprécie énormément: Ann Harding et Ronald Colman. Je reviendrais plus en détails sur leurs carrières plus tard. Mais, pour le moment, voici quelques mots de présentation de ce film. Il s'agit d'une production Samuel Goldwyn réalisée au studio United Artists. Le scénariste Sidney Howard a lu un roman de Blair Niles, une journaliste du NY Times, qui relate la vie (romancée) d'un prisonnier du bagne de Cayenne et il suggère au producteur Samuel Goldwyn d'acheter les droits pour en faire un film. Goldwyn toujours à l'affût d'un bon sujet pour Ronald Colman qu'il a sous contrat depuis 1924, accepte rapidement. L'équipe technique du film est absolument remarquable: George Barnes et son assistant Gregg Toland sont les directeurs de la photo, le décor est signé William Cameron Menzies et le monteur est le futur réalisateur Stuart Heisler. Dans ces premières années du parlant, de nombreux réalisateurs et acteurs se cherchent. Il faut retrouver ses marques. Les caméras sont lourdes et peu maniables et les micros sont monodirectionnels. Le dialogue director/coach fait la loi sur le plateau souvent au détriment de la qualité visuelle du film. Les scénaristes sous l'impulsion des producteurs, se tournent invariablement vers des adaptations théâtrales au lieu d'essayer de créer des sujets originaux. Sidney Howard est lui aussi un adaptateur; mais, il opte pour un roman au lieu d'une pièce, ce qui lui donne plus de champ pour modeler ses personnages. Le film est un star vehicle conçu pour mettre en valeur la star maison, Ronald Colman sans pour autant sacrifier les autres personnages. Ann Harding arrive tout droit de Broadway ainsi que l'irlandais Dudley Digges, par contre Louis Wolheim a déjà derrière lui une belle carrière au cinéma muet et au théâtre. C'est également le cas de Colman qui est une star de l'écran depuis 1923.
Synopsis
Un convoi de prisonniers arrive par cargot au bagne de Guyane. Deux bagnards forment immédiatement une amitié solide: Michel (Ronald Colman) et Jacques (Louis Wolheim). Le directeur du bagne, Jean Vidal (Dudley Digges) les passent en revue pour leur assigner leur travaux. Vidal est plein de suffisance et ne supporte pas de voir sa femme (Ann Harding) faire le moindre travail ménager qui lui semble porter atteinte à son propre prestige. Il insiste pour qu'elle prenne un forçat comme homme à tout faire. Malgré ses protestations, il sélectionne le voleur Michel Oban dont les bonnes manières lui semblent convenir à la tâche. Michel devient immédiatement un maître d'hôtel impeccablement stylé qui tranche avec l'absence totale d'éducation de Vidal qui mange comme un porc. Son épouse doit supporter tous les matins une "leçon" de son époux qui l'humilie sans vergogne. Elle développe immédiatement une complicité avec Michel qui se montre fort insolent et ironique envers Vidal sans que celui-ci ne le remarque le moins du monde. Le couple est incroyablement mal assorti. Mme Vidal raconte à Michel qu'elle a rencontré son époux dans son village alsacien où toute jeune fille elle rêvait face à la statue de Saint-Jean-Baptiste de la fontaine du village. Une vague ressemblance entre Vidal et le saint ont fait pencher la balance!
Elle se sent prisonnière, loin de la France, entourée par la misère des forçats. La présence de Michel va précipiter la crise. Il lui achète au marché un animal de compagnie, un singe, que Vidal prend en grippe instantanément. Les commérages des autres femmes du personnel pénitanciaire (jalouses de Mme Vidal) aiguillonent Vidal qui voit soudain un rival en la personne de Michel. Une violente jalousie s'empare de lui et il confronte son épouse dans la chambre conjugale. Celle-ci ne supporte plus ni son regard lors qu'elle se déshabille, ni son contact physique. N'obtenant aucun aveu de sa femme, il s'attaque à Michel qui le frappe au visage, écoeuré par ses insinuations à l'encontre de sa femme qui est parfaitement innocente. Michel est envoyé au mitard sur l'Ile-du-Diable pour six mois. Mme Vidal trouve maintenant le courage d'affronter son époux et lui dit qu'elle aime Michel bien que celui-ci n'en sache rien. Vidal a sélectionné un nouvel homme à tout faire en la personne de Jacques. Il devient l'allié de Mme Vidal qui réussi à faire parvenir un message à Michel par l'intermédiaire des gardes corrompus. Apprenant l'amour de Mme Vidal et que son époux la renvoie en France, il prépare son évasion. Au cours d'une bagarre arrangée, il échappe aux gardes et rejoint brièvement Mme Vidal et Jacques. Il expose son plan, suivre le cour du fleuve puis traverser la forêt vierge jusqu'à Paramaribo (Guyane Hollandaise) où il la rejoindra sur le bateau. Jacques, qui n'a rien à perdre (il est condamné à vie), décide de l'accompagner. Ils sont immédiatement pourchassés par Vidal et ses gardes. Par chance, ils se réfugient dans un arbre et leur échappent. Malheureusement, Vidal a trouvé le chapelet de son épouse que Michel a laissé tomber de sa poche. Il a deviné les intentions de Michel.
A Paramaribo, le paquebot pour la France fait escale. Mme Vidal aide Michel à monter à bord tandis que Jacques attend lui aussi son tour. Las, Vidal est venu secrètement à bord pour l'arrêter. Malgré les protestations de son épouse, il le fait emmener. Mais, Jacques surgit et entraîne Vidal sous les eaux de le mer des caraïbes. Les gardes tirent : Jacques est tué. Il a le temps de formuler cette dernière recommandation à l'intention de Michel : "Devient un homme respectable!" Michel, sa peine purgée, retrouvera Mme Vidal en France.
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