Un film de William Beaudine avec Thomas Meighan, Mona Palma, Wyndham Standing et Dale Fuller
Suite à la mort de sa tante, Nora Marsh (M. Palma) est obligée de quitter l'Angleterre pour aller vivre dans la ferme de son frère (W. Standing) dans les grandes plaines de l'Alberta, au Canada. Elle s'adapte difficilement à la vie rude des fermiers et a des altercations avec Gertie (D. Fuller), l'épouse de son frère. Elle décide d'épouser Frank Taylor (T. Meighan) un employé de son frère et part vivre dans une ferme isolée...
Ce film peu connu de William Beaudine est une vraie découverte. L'intrigue, tirée d'un roman de W. Somerset Maughan, ressemble étrangement à celle de The Wind (Le Vent, 1928) de Victor Sjöström. Réalisé deux ans avant le chef d'oeuvre de Sjöström, The Canadian a été tourné dans la région de Calgary au Canada. Le réalisateur William Beaudine est surtout connu pour ses deux films avec Mary Pickford, Little Annie Rooney (1925) et Sparrows (1926). Il montre ici qu'il était capable de réaliser un film intimiste reposant essentiellement sur ses deux acteurs principaux, Thomas Meighan et Mona Palma, qui jouent tous deux avec une grande subtilité leurs rôles. Le film suit la vie quotidienne difficile d'un paysan de l'Alberta où une soudaine tempête peut ruiner une moisson en une nuit. C'est aussi l'affrontement entre deux personnages que tout oppose. Nora la citadine n'a accepté d'épouser Frank que pour échapper à sa belle-soeur Gertie. Il ne comprend pas pourquoi elle se refuse à lui et il va lui imposer de force ses devoirs conjugaux, avant de le regretter amèrement. Dans l'atmosphère de huis clos de leur cabane en bois, Nora et Frank vont finir par se comprendre. Loin du lyrisme de Sjöström, le film avance par petites touches et ne cherche pas à introduire du suspense ou de l'action. Le décalage social entre Gertie et Nora est par exemple montré par les gestes maladroits de Nora qui essuie ses couverts sur sa serviette avant de manger, ce qui met Gertie hors d'elle. Thomas Meighan, qui fut un des acteurs favoris de C.B. DeMille dans les années 1910, est un remarquable interprète, tout à fait moderne dans son détachement et son jeu minimaliste. Le film repose sur ses épaules, cependant, il ne tire pas la couverture à lui et laisse toute leur place aux autres acteurs, qui sont tous excellents. The Canadian est maintenant disponible chez Grapevine Video, dans une copie passable (tirée d'une copie 16 mm) qui permet de découvrir ce beau film.
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