Dr Watson (E. Fielding) et Sherlock (W. Gillette) |
Un film d'Arthur Berthelet avec William Gillette, Edward Fielding, Ernest Maupain et Marjorie Kay
Sherlock Holmes (W. Gillette) est recruté pour retrouver des papiers compromettants détenus par Alice Falkner (M. Kay). Or, la jeune femme est retenue contre son gré par un couple d'escrocs, les Larrabee...
Cette production Essanay, longtemps considérée comme perdue, était recherchée par les fanatiques de Sir Arthur Conan Doyle car le personnage de Sherlock y est interprété par William Gillette. Cette acteur américain a fortement marqué de sa personnalité le personnage de Holmes qu'il interpréta sur scène dès 1899 dans une pièce qu'il écrivit lui-même. En 1916, la société Essanay le recruta pour porter à l'écran son Sherlock; il avait alors 63 ans et ce fut son seul et unique film. C'est donc un document unique sur Gillette et sa caractérisation d'Holmes. Il lui donna une pipe recourbée, un chapeau de chasseur caractéristique et des robes de chambre très chic, des attribus qui furent repris par tous les interprètes postérieurs d'Holmes. Par chance, une copie française de ce film a été retrouvée à la Cinémathèque française dans des boîtes d'autres adaptations d'Holmes. Cette copie a été numérisée et restaurée en 4K et l'image est d'une qualité remarquable pour une copie de 1920 (l'année de sortie en France du film). Le film repose sur les épaules de Gillette qui s'impose sans difficultés à l'écran avec sa haute silhouette longiligne et son allure ascétique et impertubable. Pour ce qui est de la trame narrative, c'est une autre histoire. Le film suit fidèlement une pièce de théâtre sans chercher à en faire un objet cinématographique. Les intertitres nous annoncent à l'avance ce qui va se passer et il y a une absence quasi totale de suspense. Le réalisateur Berthelet filme les événements sans montrer aucun sens visuel autre que de capturer Gillette en action. Si on compare cette production Essanay avec de nombreux films de 1916, c'est un film très moyen. Il n'y que fort peu d'extérieurs et d'action. Pratiquement tout se passe en studio et les rares scènes de rue n'exploitent guère les décors naturels. Le montage est tout aussi poussif et chaque passage du plan large en plan moyen est souligné par un fondu enchaîné bien inutile à une époque où on savait déjà pourtant depuis longtemps réaliser des séquences courtes, rapides et efficaces. Ce film reste donc essentiellement un document sur William Gillette qui est ici entouré d'acteurs non dépourvus de talent tel que le français Ernest Maupain, embauché par la Essanay en 1915, dans le rôle de Moriarty et la jolie et fine Marjorie Kay en jeune fille en détresse. La relation Holmes-Watson est relativement peu exploitée, sauf à la toute fin du film où Holmes devient presque un adolescent rougissant lorsque son ami lui fait remarquer qu'il est tombé amoureux d'Alice. Holmes tripote alors nerveusement le revers du costume de Watson ce qui provoqua un rire amusé dans la salle. La séance d'hier était accompagnée avec beaucoup de talent par Neil Brand au piano, Andrew Bridgemont au violon et Franck Brockius aux percussions qui donnèrent un vrai relief au film à défaut d'une action trépidante. Une curiosité à défaut d'un grand film. Vous pouvez voir un extrait du film sur le site de la BBC.
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