Un film de Josef von Sternberg avec Evelyn Brent, Emil Jannings et William Powell
Sergius Alexander (E. Jannings) est simple figurant à Hollywood. Lors d'un tournage, il se retrouve face au metteur en scène Lev Andreyev (W. Powell), un ancien révolutionnaire. Sergius se souvient de son passé en 1917 dans la Russie Impériale où il était le Grand Duc, cousin du Tsar en charge de l'armée impériale...
Avec ce film, Sternberg réussit à rendre flou la limite en la réalité et la fiction. Le film débute à Hollywood où des troupeaux de figurants sont traités comme du bétail par les assistants. Voilà un milieu du cinéma que connaissait par coeur le dénommé Joe Sternberg qui avait débuté en bas de l'échelle. Puis, avec un long flash-back, nous repartons pour la Russie de 1917. Mais, cette Russie totalement reste artificielle -cependant crédible. Et le retour à Hollywood se conclut avec le tournage d'une scène qui semble sorti des souvenirs du Grand Duc en Russie. La réalité et la fiction se mêle au point donner au récit un ton de fable. Jannings est absolument génial en Sergius Alexander devenu un misérable figurant, à la tête agitée d'un tic nerveux, qui reçoit humiliation après humiliation. C'est le film où je l'ai trouvé le plus émouvant avec Variétés (1925) de E.A. Dupont. Evelyn Brent n'est pas en reste en Natalie Drabova. Elle atteint des sommets en révolutionnaire amoureuse de Jannings. Il faut la voir sauter sur le marchepied du train, cracher à la figure de Jannings éperdu avant de révéler qu'elle ne jouait qu'un jeu pour le sauver. Elle déploit une féminité et un charme vénéneux tout à fait à incroyable. William Powell, qui portait alors de longues moustaches, était cantonné -à cette époque- dans les rôles de traitres. Il est d'ailleurs superbe en metteur en scène qui prépare sa vengeance comme un plat qui se mange froid. Le final est absolument éblouissant avec ce travelling arrière qui révèle la rangée de caméra qui filme la scène, une mise en abîme de première classe. La partition de Robert Israel s'inspire de Tchaikovski avec bonheur.
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