Un film de Josef von Sternberg avec George Bancroft, Evelyn Brent et Clive Brook
Le gangster Bull Weed (G. Bancroft) rencontre par hasard son ami 'Rolls-Royce' (C. Brook) et tente de le faire sortir de sa déchéance. Il lui présente sa petite amie 'Feathers' (E. Brent) qui n'est pas insensible à son charme...
Avec Underworld, Von Sternberg réalise là son premier film 'professionnel' après l'essai de The Salvation Hunters (1925) tourné avec un tout petit budget. Il réalise un coup de maître et crée du même coup le prototype du film de gangster. Il est évident que ce film a influencé nombres de réalisateurs. En premier lieu, Howard Hawks qui reprendra la scène du crachoir quasiment à l'identique dans Rio Bravo (1959). De même, il est évident que Scarface (1932, H. Hawks) doit beaucoup aux gangsters et à la fusillade finale de Underworld. Il est intéressant de noter les formidables performances des deux acteurs masculins principaux, George Bancroft et Clive Brook. Bancroft est généralement un cabot mal canalisé par les réalisteurs (et un peu demeuré selon les dires d'Evelyn Brent). Et Brook est souvent aussi expressif qu'une bûche. Rien de tel ici. Ils sont tous deux en situation, parfaitement contrôlés et même émouvants. Il est évident que Von Sternberg a obtenu d'eux des réactions et des sentiments grâce son système de direction d'acteurs. Un système qui s'apparente souvent à la torture : selon Brent, Clive Brook dut faire parfois trente prises pour une simple scène. Mais, le résultat est là. Brook n'a jamais été aussi bon, à part dans Barbed Wire (1927, R.V. Lee). Quant à Evelyn Brent, elle est la femme sternbergienne par excellence, et ce bien avant Dietrich. Elle apparaît en haut des escaliers d'un bar et une plume descend doucement vers Clive Brook qui la découvre en contre-plongée. Elle est sensuelle, légèrement distante, enveloppée de plumes diverses (d'où son surnom repris également par Hawks pour Rio Bravo). Sa carrière est à son apogée lors de sa collaboration avec Sternberg. Il est fort dommage qu'elle fut oubliée dès 1932. La narration ultra-rapide du film avec ses effets de caméra subjectif (la caméra saute lorsque Brooks prend un coup de poing sur la figure), ses travellings précis et puissants donnent une impulsion formidable à ce récit. La cinématographie est le péché mignon de Sternberg qui est autant responsable que Bert Glennon. Les gros-plans en soft-focus d'Evelyn Brent et la composition générale montrent déjà la maîtrise de Sternberg. Une petite merveille qui est ici accompagnée par une délicieuse partition orchestrale de Robert Israel qui fleure bon les années 20. (Une deuxième bande son offre la version de l'Alloy Orchestra plus grinçante et moins à mon goût.)
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