Un film d'Alexandre Volkoff avec Ivan Mosjoukine, Diana Karenne, Suzanne Bianchetti, Rudolf Klein-Rogge et Michel Simon
Le séducteur vénitien Casanova (I. Mosjoukine) est obligé de quitter précipitament Venise après les nombreuses plaintes reçues par le Conseil des Dix. Il part pour l'Autriche, puis pour la Russie où il rencontre la Tsarine Catherine II (S. Bianchetti)...
Avec cette super-production réalisée avec une débauche de moyens, Ivan Mosjoukine tire sa révérence à l'écran muet français. L'année suivante, il sera à Hollywood croyant donner à sa carrière un nouvel élan, qui fera long feu. Il avait quitté la Société Albatros après avoir joué le rôle principal dans Feu Mathias Pascal (1926, M. L'Herbier). Il ne fera plus que deux films supplémentaires en France: Michel Strogoff (1926, V. Tourjansky) qui sera tourné aux studios Billancourt d'Abel Gance et en Lettonie, puis ce Casanova tourné à Venise. Le scénario nous donne une vision joyeuse et romanesque du séducteur et aventurier vénitien. Le film est une comédie d'aventures fort bien mené où Casanova/Mosjoukine passe de conquête en conquête avec un entrain contagieux. Il se moque des maris jaloux et des créanciers avec une bonne humeur communicative. Il réussit à effrayer l'affreux Menucci en lui faisant une (fausse) scéance de sorcellerie cabalistique qui terrorise le créancier et ses deux hallebardiers (dont l'un est un Michel Simon à l'allure ahurie). Alexandre Volkoff utilise au mieux la ville de Venise avec son carnaval trépidant qui est comme un écho de la vie de Casanova. Léger et vigoureux comme un héros de cape et d'épée, Mosjoukine saute en selle, escalade une façade de palais ou se bat en duel contre six hommes d'armes. Il sait aussi faire preuve de son sens comique habituel alors qu'il se fait passer pour M. Dupont, le fournisseur de Catherine II. Les costumes sont d'une grande somptuosité, virant par moment au grotesque, comme les basques fort larges et excentriques de l'habit de Casanova à la cour de Russie. Volkoff introduit juste ce qu'il faut de sensualité et de nudité affriolante pour transmettre l'atmospère de licence et de libertinage du XVIIIème siècle. Le film contient une scène coloriée au pochoir (le carnaval final) qui est une réponse aux séquences en Technicolor bichrome que produisent les américains à l'époque. L'épisode russe est l'occasion de nous montrer l'assassinat du Tsar Pierre III (R. Klein-Rogge) dont la démence ne fait guère de doute. Suzanne Bianchetti, qui était abonnée aux rôles de tête couronnée (Marie-Antoinette, Eugénie, Marie-Louise), se montre plus convaincante que d'ordinaire en impératrice croqueuse d'hommes. Mais, le film appartient à Mosjoukine qui atteint ici son apogée de star du cinéma français. Il ne retrouvera jamais par la suite cette liberté et cette légèreté. Pour finir, il faut saluer la très jolie partition de Georges Delerue qui apporte l'atmosphère pétillante et joyeuse que requiert un tel film.
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