Robert de Houdan (H. Debain) -surnommé Triplepatte- a été promis en mariage, avant sa naissance, à la famille de Crèvecoeur. Sa promise n'est qu'une gamine ; mais, il doit toucher une forte somme d'argent le jour de ses noces. Il est poursuivi par son usurier, M. Boucherot (P. Palau) à qui il doit beaucoup d'argent...
Avec cette comédie très enlevée, Raymond Bernard est un précurseur des comédies de René Clair telles que Un Chapeau de Paille d'Italie (1927) et Les Deux Timides (1928). Son héros, Robert de Houdan est un aristocrate molasson et attachant qui fuit le mariage. Cette cérémonie, si importante pour les grands bourgeois et les aristocrates, est au centre de l'intrigue. En adaptant, la pièce de son père Tristan Bernard, le réalisateur réussit un coup de maître. Dans le rôle principal, Henri Debain est parfait. Il est l'incarnation de ce Triplepatte, ainsi nommé car comme son cheval de course du même nom, il hésite toujours à franchir les obstacles. Bien qu'il soit constamment harcelé par Mme de Crèvecoeur et son infernale gamine et par la non moins envahissante Baronne Pépin, Robert de Houdan ne rêve que de liberté. Malheureusement son porte-feuille est vide. Il doit donc convoler en justes noces rapidement pour le remplir. On lui trouve une charmante fiancée, Yvonne Herbelier (interprétée par la très jolie Edith Jehanne). Mais, néanmoins, les chaînes conjugales lui font peur et on doit le traîner à la mairie en pyjama ! Le jeu de l'acteur principal, Henri Debain, n'a rien à envier aux meilleurs acteurs comiques. Indolent, l'air légèrement ahuri ou franchement hilare, il donne à son personnage tout le relief voulu. Face à lui, on reconnaît le formidable Pierre Palau. Cet acteur chauve, qui fit le bonheur des cinéphiles comme dans La Main du Diable (1942, M. Tourneur), est ici déjà le superbe comédien qu'on connaît en usurier prêt à tout pour recouvrer sa créance. Quant à Edith Jehanne, cette charmante actrice, qui fut une étoile filante dans le cinéma muet français, fait ici ses débuts à l'écran. Elle apparaitra encore dans deux autres films de Bernard, Le Joueur d'Echecs (1927) et Tarakanova (1930) et un de Pabst, Die Liebe der Jeanne Ney (1927). Son joli visage mutin offre une image parfaite de la jeune fille face à sa mère envahissante et vulgaire, attifée de plumes qui la font ressembler à une autruche. Le film montre aussi un Raymond Bernard qui expérimente avec la caméra lors d'un cauchemar de Triplepatte qui se voit au ralenti poursuivi par un couple équipé d'un filet à papillon. Les décors splendides sont signés Robert Mallet-Stevens. Voilà un film de Raymond Bernard qui mériterait une sortie en DVD!
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