Katherine (Florence Vidor) au chevet de Jenny (Zasu Pitts) |
Un film de King Vidor avec Florence Vidor, Zasu Pitts, David Butler et Charles Meredith
Donald Trent (C. Meredith) revient profondemment changé du front européen avec son ami Jimmy (D. Butler). Bien que Donald soit le fils du patron, il insiste pour être un simple employé dans l'usine de son père auprès de Jimmy. Mais, suite au décès de son père, Donald doit assumer la direction de la société. Il oublie peu à peu ses anciens amis au grand dam de sa fiancée Katherine (F. Vidor) qui est devenue reporter...
Katherine (F. Vidor) |
En 1919, King Vidor est un tout jeune metteur en scène. Cependant son premier long métrage The Turn in the Road (1919) (qui est malheureusement perdu) a eu énormément de succès pour son message humaniste imprégné de 'Science Chrétienne' qui montrait la vie de tous les jours. Le cinéaste est persuadé que le cinéma a un message important à faire passer. Lors du tournage de son troisième film, The Other Half, il expliquait sa philosophie: "Je crois au cinéma qui va aider l'humanité à se libérer des chaînes de la peur et de la souffrance qui l'entravent depuis si longtemps. Je me refuse à produire un film qui contiendrait quoi que ce soit qui serait éloigné de la vérité humaine, quoi que ce soit qui blesserait quelqu'un et toute chose qui serait impure en pensée ou en action." On pourrait penser que Vidor veut prêcher la bonne parole. En fait, il n'en est rien. Il y a seulement chez lui ce désir de montrer la vie des gens telle qu'elle est sans chercher à la travestir. Son film est à consonnance sociale sans être prêchi-prêcha. Le titre fait référence aux deux parties de la société qui s'ignorent: les possédants et les employés. Il veut promouvoir la compréhension entre celles-ci avec son film. Ce qui frappe d'abord dans The Other Half, le plus ancien long métrage de Vidor qui nous soit parvenu, c'est la grande simplicité et la justesse de ses acteurs. Ils les placent dans un environnement quotidien et nous les montre en train de déjeuner assis par terre avec leur boîte. Les deux actrices principales sont particulièrement remarquables.
Un magnifique gros plan de Jenny (Zasu Pitts) |
La jeune Jenny (une merveilleuse Zasu Pitts) est la petite amie de Jimmy et travaille dans une laverie . Un jour, elle s'effondre épuisée et elle est prise en charge par Katherine, issue d'un milieu favorisée, qui découvre avec tristesse son appartement. Vidor apporte une foule de petits détails qui en disent long sur le personnage. Une malheureuse plante en pot est en train de mourir sur le bord de la fenêtre et Jenny réclame son phonographe pour écouter du jazz, sa seule distraction. Florence Vidor joue la jeune femme issue de la bonne société mais qui reste sensible à la vie des employés, d'où son choix de devenir reporter. Vidor utilise une parabole en montrant le chemin parallèle des deux anciens soldats issus de milieux opposés. Jimmy perd la vue suite à la négligence de son ancien ami Donald qui a négligé de faire réparer un mur qui s'est effondré sur lui. Donald est devenu lui aussi aveugle à la souffrance de ses employés. Sur cette belle et unique copie néerlandaise, la fin du film est manquante. En fait, tout est bien qui finit bien: Jimmy va recouvrer la vue et Donald va retrouver son empathie pour lui grâce à un article de Katherine. Ce beau film de Vidor montre qu'il a été un observateur attentif de la vie de tous les jours bien avant son chef d'oeuvre The Crowd (1928). A voir sur le site European Film Gateway. Un vrai bonheur.
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